Et si on s'installait en libéral?...

... Pour ainsi pouvoir nous rouler dans l'herbe, une paquerette dans la bouche...

En voilà un programme! Le bonheur en perspective, l'utopie en définitive, à l'instar d'un doux rêve bleu, très floral. Il faut dire que les semaines s'enchainent et se ressemblent. Un titre me viendrait presque pour résumer ces moments passés à scruter annonces après annonces, l'étendu du vide sidéral proposé : "Rien ne s'oppose à l'ennui". Délicate reprise d'un autre livre un peu plus célèbre encore... N'est-ce pas?... 



L'utopie, c'est d'abord un néologisme proposé par Thomas More en 1516 à partir de "Topos", "lieu" en Grec et qui signifie littéralement "non lieu". En langage psychanalytique, on parlerait davantage de la représentation d'une réalité idéale, sans défaut.

Mais alors pourquoi ouvrir un cabinet s'apparente-t-il à une utopie?
Et bien déjà, je peux affirmer que le rêve est permis mais la proposition qui la complète en son contraire peut aussi prendre l'allure d'un : "le cauchemar est quand même admis".

Pour les psychologues démunis qui seraient tout de même intéressés par la démarche, un blog traite cela avec un certain sérieux : http://psychologueliberal.wordpress.com/

Pour les autres, nous pouvons continuer l'aventure du détricotage en règle...

Une réalité du marché du travail incite nombreux psychologues démunis à s'installer en cabinet libéral, pensant de cette manière qu'ils auront du travail et qu'ils gagneront par conséquent de l'argent. Or, c'est faux dans les deux cas.



L'activité libérale met du temps à se développer, plus que les charges qui pèsent sur sa mise en oeuvre. L'étude de marché type "Outil d'aide au Diagnostic d'Implantation Locale" (ODIL) proposé par l'INSEE n'y change rien, qu'on soit "psy des champs" ou "psy des villes", pas plus l'un que l'autre n'est épargné. Pour cela, il suffit de prendre son téléphone et de les contacter (ça marche aussi par e-mail), ou de suivre les forums de discussion sur Internet (Facebook, Twitter, y compris). 

Qui peut croire qu'une personne ayant ouvert un cabinet et qui passe sa journée à publier des messages ou à y répondre vit de son travail libéral?

Assurance de responsabilité civile professionnelle, location du local (hors de prix bien souvent pour cause de mise en conformité avec la loi sur "l'accessibilité des handicapés" nécessitant travaux avant la date fatidique... "Fallait y penser", [sic]), interrogation et compromis sur les tarifs ou honoraires, non remboursement des consultations par la sécurité sociale ("et ce n'est pas demain la veille!" [sic] encore), absence de couverture sociale, absences (tout court) des patients, pas de vacances, pas de soirées, pas de week-end.
Autant de thèmes qui font le bonheur des jeunes illuminés par la grâce de l'auto-entreprenariat. Ces derniers qui seront d'ailleurs tentés de frauder sur leurs revenus afin de payer leurs charges, "le grand appel à l'argent liquide" décrédibilisant la profession... Et quand ils changeront de statut pour la micro-entreprise, ils fermeront à N+2 (N étant l'année de début) qui correspondra au moment de passer à l'addition fiscale. Du Lexomil plein les placards, désillusionné encore un peu plus, il faudra avoir conserver un sacré sens de l'humour pour continuer à travailler. Peut-être arriveront-ils à la conclusion freudienne que "l'humour est la contribution apportée au comique par l'intermédiaire du surmoi". Foutu inconscient.



L'installation prématurée en libéral à ma subjectivité près est donc une "Fausse Bonne Idée" comme le disent si bien les jeunes. Parfois, mieux vaut financièrement être au RSA ou avoir un mari riche (même s'il est chiant). Et pour les hommes... Je n'ai pas de cliché en ma disposition. En tout cas, il faut éviter d'épouser un(e) psychologue
Conclusion, il n'y a plus qu'à toucher le fond et se relancer d'un coup de pied. Si tant est qu'un fond existe. Rien n'est moins sûr, même à 20.000 lieux sous les mers.

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